Les basses pressions du militaire !
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Les basses pressions du militaire !
Je n'ai pas la prétention de rivaliser avec la pensée du Gal Desportes, bien plus compétent, expérimenté et "intellectuel" (au sens positif) que je ne le suis. J'ai beaucoup de plaisir à le lire, et c'est sans doute la raison de l'aveu de mes diffi - cultés à comprendre tous ses avis. Voici un bref commentaire sur l'article d'une grande hauteur de vue ( j'en recom - mande la lecture intégrale) sur " le rôle du soldat".
Extrait de l'art.: " ... la société française a mis au pas le soldat avant de le rejeter de son monde ... l'expression militaire a été considérablement marginalisée et contenue aux problématiques techniques et tactiques ... Quand les militaires ne sont pas autorisés à formuler des idées ni à élaborer des stratégies, ils se cantonnent à la pure technicité de leur métier ... ".
L'accusation est forte, portée contre "la société". J'ai un peu de mal à discerner qui est visé précisément ou prioritaire - ment : les "politiques", les diplomates, les "intellectuels", l'Institution militaire elle-même, le citoyen, tous à égalité ?
Ne faut-il pas, aussi et en contrepartie, se demander quelle est la part de notre responsabilité dans cet état de fait: une méfiance pour l'activité "intellectuelle", un souci d'uniformité étendu à la pensée militaire et contreproductif, un sens de la discipline immodéré, un manque d'intérêt pour une "activité" qui ne peut être que spéculative pour la plupart d'entre nous et ne concernerait, de façon opérationnelle, qu'un très faible nombre d'Officiers de haut rang ( ... et les retraités qui s'imaginent écoutés! ) ? Ce ne sont pas là des affirmations, mais des questions auxquelles je ne peux apporter les répon - ses que j'attends, justement, des "spécialistes" de la question.
Ne perdons pas de vue, quand même, que la conduite des opérations, la tactique, sont des domaines suffisamment com - plexes, demandeurs d'expertise, passionnants, pour qu'ils continuent d'attirer la grande majorité des Officiers . Ce n'est pas là seulement notre "coeur de métier", mais le "métier de notre coeur" !... Ce qui n'empêche pas d'élargir ses réflexions.
Voici des observations que j'ai relevées dans un ouvrage consacré à la "stratégie" : " ... Une question essentielle était de savoir si les hommes politiques devaient décider en dernier ressort de la conduite des opérations militaires. En Prusse, le général W. von Blume (1835-1919) précisait que le chef militaire n'était pas soumis au politique, mais à l'empereur; à la même époque, des généraux français estimaient qu'il fallait tenir les politiques à l'écart de la conduite de la guerre, en concédant qu'ils devaient se prononcer sur la déclaration de guerre, sur les buts de la guerre, sur l'armistice et les négociations de paix; le général allemand von Bernhardi (1849-1930) admettait que la guerre devait être subordonnée aux buts politiques et par conséquent aux hommes politiques, mais sans qu'ils interfèrent dans la conduite de la guerre ...".
Il y a peu (historiquement), les militaires ont donc voulu évincer les "politiques" de la conduite de la guerre; on reproche maintenant à ceux-ci , semble-t-il, de nous réserver les mêmes politesses s'agissant de la stratégie ! Je suis persuadé que nous avons raison dans les deux cas mais il faut, sans doute, avancer avec délicatesse et en ayant à l'esprit ce "conten - tieux" .
Extrait de l'art.: " Deux coups fatals ... : la défaite de 1940 - et pourtant c'était la défaite d'un peuple et non pas simplement celle d'une armée - et le putsch des généraux du 21 avril 1961 à Alger ".
Le "putsch des généraux" a effectivement marqué les esprits et, avant cela, le bilan humain de la "Grande Guerre" (la responsabilité des pertes est plutôt imputée aux militaires qu'aux civils, me semble-t-il - cf l'observation ci-dessus- ). J'en suis moins sûr pour la défaite de 1940 que beaucoup de Français attribuent autant aux "politiques" qu' aux militaires ( la
" taupinière " Maginot est-elle une invention et une décision des militaires ou des civils ?).
LLes guerres "de décolonisation" ont laissé une image de militaires répressifs face à une aspiration à la liberté, alors que lleur engagement, ordonné par les gouvernements en place, visait , dans leur intime conviction, à épargner le communisme aux populations attachantes menacées par ce fléau, et à préserver un "empire" constitué audacieusement et dans un esprit positif*, considéré avec fierté et comme une part de nous-mêmes et de la France . Le "sentiment" a peut-être alors supplanté la vision stratégique.
C'est vraisemblablement avec la "guerre froide" que l'impact des militaires français a été le plus fort et aussi le plus sous-estimé par la Nation. La doctrine d'emploi des armes nucléaires françaises, sa manoeuvre "tactique-stratégique" appuyée sur un corps de bataille blindé-mécanisé (qui n'était pas "d'opérette", comme veulent le faire croire certains), la réelle autonomie de décision, la réussite de son insertion dans le cadre de l'OTAN, sont une pure création des stratèges militaires français. On leur doit, sans doute mieux qu'on ne le reconnaît, l'évitement d'un affrontement militaire est-ouest en Europe.
Ces commentaires sont, bien sûr, superficiels et demanderaient une analyse bien plus approfondie .
Finalement, ne nous demande-t-on pas, avant de vouloir régler les problèmes politiques ou de stratégie, de veiller d'abord à notre efficacité dans ceux qui nous concernent exclusivement, notamment pour la délicate conduite des opérations militaires dans ces formes nouvelles de guerre "asymétriques" ? Percevra-t-on néammoins le "continuum" évident straté -gique-tactique ? Nous autorisera-t-on, tout de même, à élever nos réflexions et à donner notre avis sur des questionne - ments à l'altitude "stratégique" et à ses basses pressions ( par rapport à celles subies dans nos opérations, qui en résul -tent ! ) ? ... C'est, bien sûr, souhaitable, dans l'intérêt général (comme le clame ardemment l'article que je commente), et sans risques (... au moins au début !!) si la décision en dernier ressort ne nous appartient pas .
Extrait de l'art.: " Les armées doivent se plier sans un murmure au pouvoir politique ... l'interdiction faite au militaire de participer au débat stratégique, sauf à exprimer la pensée officielle, a fini par l'écarter de la pensée stratégique ... ".
Si ce fait est réel, l'organisation de notre Cdt ( le Chef des Armées n'est pas un militaire et est au plus haut niveau politique ) n'est-elle pas une raison de l'impossibilité d'une pensée stratégique autonome des militaires ? Ce qui rejoint la question plus générale : peut-on intervenir au niveau stratégique sans être aspiré dans la "politique intérieure" ?
N'y aurait-t-il pas, aussi, dans cette 'interdiction" un petit qqc en relation avec cette remarque (même ouvrage que ci-dessus) :
" Ce qui n'a pas changé, c'est le lien étroit entre les Etats et les forces armées, qui sont pour ces derniers un instrument particulièrement commode de contrôle, plus facile à employer que l'économie, les échanges ou d'autres instruments de la politique étrangère. Le désir est toujours présent de transformer les problèmes de politique étrangère en qqc qui puisse être résolu par la force militaire".
Extrait de l'art.: " On tire profit du silence de la Grande Muette pour l'affaiblir à moindre coût politique ... Il n'existe pas d'organisme ou de syndicat dont la mission soit la défense des militaires" .
Profitons donc des possibilités offertes par les injonctions "européennes" et la mise en place d'une " association profes - sionnelle " ( qui sera, heureusement, bien différente d'un syndicat habituel et ne visera pas, non plus, à la reconstitution des " Croix-de-Feu " !! ).
* rappelons que notre " empire colonial " a été réalisé dans l'esprit "universaliste" de Saint Augustin, de J. Ferry ; il
répondait aussi à un besoin impérieux de retrouver la fierté après la défaite de 1870, à l'obligation de ne pas fuir les
nécessités géostratégiques et économiques de l'époque pour éviter un déclassement supplémentaire de notre Nation,
quoi qu'on en pense maintenant .
Extrait de l'art.: " ... la société française a mis au pas le soldat avant de le rejeter de son monde ... l'expression militaire a été considérablement marginalisée et contenue aux problématiques techniques et tactiques ... Quand les militaires ne sont pas autorisés à formuler des idées ni à élaborer des stratégies, ils se cantonnent à la pure technicité de leur métier ... ".
L'accusation est forte, portée contre "la société". J'ai un peu de mal à discerner qui est visé précisément ou prioritaire - ment : les "politiques", les diplomates, les "intellectuels", l'Institution militaire elle-même, le citoyen, tous à égalité ?
Ne faut-il pas, aussi et en contrepartie, se demander quelle est la part de notre responsabilité dans cet état de fait: une méfiance pour l'activité "intellectuelle", un souci d'uniformité étendu à la pensée militaire et contreproductif, un sens de la discipline immodéré, un manque d'intérêt pour une "activité" qui ne peut être que spéculative pour la plupart d'entre nous et ne concernerait, de façon opérationnelle, qu'un très faible nombre d'Officiers de haut rang ( ... et les retraités qui s'imaginent écoutés! ) ? Ce ne sont pas là des affirmations, mais des questions auxquelles je ne peux apporter les répon - ses que j'attends, justement, des "spécialistes" de la question.
Ne perdons pas de vue, quand même, que la conduite des opérations, la tactique, sont des domaines suffisamment com - plexes, demandeurs d'expertise, passionnants, pour qu'ils continuent d'attirer la grande majorité des Officiers . Ce n'est pas là seulement notre "coeur de métier", mais le "métier de notre coeur" !... Ce qui n'empêche pas d'élargir ses réflexions.
Voici des observations que j'ai relevées dans un ouvrage consacré à la "stratégie" : " ... Une question essentielle était de savoir si les hommes politiques devaient décider en dernier ressort de la conduite des opérations militaires. En Prusse, le général W. von Blume (1835-1919) précisait que le chef militaire n'était pas soumis au politique, mais à l'empereur; à la même époque, des généraux français estimaient qu'il fallait tenir les politiques à l'écart de la conduite de la guerre, en concédant qu'ils devaient se prononcer sur la déclaration de guerre, sur les buts de la guerre, sur l'armistice et les négociations de paix; le général allemand von Bernhardi (1849-1930) admettait que la guerre devait être subordonnée aux buts politiques et par conséquent aux hommes politiques, mais sans qu'ils interfèrent dans la conduite de la guerre ...".
Il y a peu (historiquement), les militaires ont donc voulu évincer les "politiques" de la conduite de la guerre; on reproche maintenant à ceux-ci , semble-t-il, de nous réserver les mêmes politesses s'agissant de la stratégie ! Je suis persuadé que nous avons raison dans les deux cas mais il faut, sans doute, avancer avec délicatesse et en ayant à l'esprit ce "conten - tieux" .
Extrait de l'art.: " Deux coups fatals ... : la défaite de 1940 - et pourtant c'était la défaite d'un peuple et non pas simplement celle d'une armée - et le putsch des généraux du 21 avril 1961 à Alger ".
Le "putsch des généraux" a effectivement marqué les esprits et, avant cela, le bilan humain de la "Grande Guerre" (la responsabilité des pertes est plutôt imputée aux militaires qu'aux civils, me semble-t-il - cf l'observation ci-dessus- ). J'en suis moins sûr pour la défaite de 1940 que beaucoup de Français attribuent autant aux "politiques" qu' aux militaires ( la
" taupinière " Maginot est-elle une invention et une décision des militaires ou des civils ?).
LLes guerres "de décolonisation" ont laissé une image de militaires répressifs face à une aspiration à la liberté, alors que lleur engagement, ordonné par les gouvernements en place, visait , dans leur intime conviction, à épargner le communisme aux populations attachantes menacées par ce fléau, et à préserver un "empire" constitué audacieusement et dans un esprit positif*, considéré avec fierté et comme une part de nous-mêmes et de la France . Le "sentiment" a peut-être alors supplanté la vision stratégique.
C'est vraisemblablement avec la "guerre froide" que l'impact des militaires français a été le plus fort et aussi le plus sous-estimé par la Nation. La doctrine d'emploi des armes nucléaires françaises, sa manoeuvre "tactique-stratégique" appuyée sur un corps de bataille blindé-mécanisé (qui n'était pas "d'opérette", comme veulent le faire croire certains), la réelle autonomie de décision, la réussite de son insertion dans le cadre de l'OTAN, sont une pure création des stratèges militaires français. On leur doit, sans doute mieux qu'on ne le reconnaît, l'évitement d'un affrontement militaire est-ouest en Europe.
Ces commentaires sont, bien sûr, superficiels et demanderaient une analyse bien plus approfondie .
Finalement, ne nous demande-t-on pas, avant de vouloir régler les problèmes politiques ou de stratégie, de veiller d'abord à notre efficacité dans ceux qui nous concernent exclusivement, notamment pour la délicate conduite des opérations militaires dans ces formes nouvelles de guerre "asymétriques" ? Percevra-t-on néammoins le "continuum" évident straté -gique-tactique ? Nous autorisera-t-on, tout de même, à élever nos réflexions et à donner notre avis sur des questionne - ments à l'altitude "stratégique" et à ses basses pressions ( par rapport à celles subies dans nos opérations, qui en résul -tent ! ) ? ... C'est, bien sûr, souhaitable, dans l'intérêt général (comme le clame ardemment l'article que je commente), et sans risques (... au moins au début !!) si la décision en dernier ressort ne nous appartient pas .
Extrait de l'art.: " Les armées doivent se plier sans un murmure au pouvoir politique ... l'interdiction faite au militaire de participer au débat stratégique, sauf à exprimer la pensée officielle, a fini par l'écarter de la pensée stratégique ... ".
Si ce fait est réel, l'organisation de notre Cdt ( le Chef des Armées n'est pas un militaire et est au plus haut niveau politique ) n'est-elle pas une raison de l'impossibilité d'une pensée stratégique autonome des militaires ? Ce qui rejoint la question plus générale : peut-on intervenir au niveau stratégique sans être aspiré dans la "politique intérieure" ?
N'y aurait-t-il pas, aussi, dans cette 'interdiction" un petit qqc en relation avec cette remarque (même ouvrage que ci-dessus) :
" Ce qui n'a pas changé, c'est le lien étroit entre les Etats et les forces armées, qui sont pour ces derniers un instrument particulièrement commode de contrôle, plus facile à employer que l'économie, les échanges ou d'autres instruments de la politique étrangère. Le désir est toujours présent de transformer les problèmes de politique étrangère en qqc qui puisse être résolu par la force militaire".
Extrait de l'art.: " On tire profit du silence de la Grande Muette pour l'affaiblir à moindre coût politique ... Il n'existe pas d'organisme ou de syndicat dont la mission soit la défense des militaires" .
Profitons donc des possibilités offertes par les injonctions "européennes" et la mise en place d'une " association profes - sionnelle " ( qui sera, heureusement, bien différente d'un syndicat habituel et ne visera pas, non plus, à la reconstitution des " Croix-de-Feu " !! ).
* rappelons que notre " empire colonial " a été réalisé dans l'esprit "universaliste" de Saint Augustin, de J. Ferry ; il
répondait aussi à un besoin impérieux de retrouver la fierté après la défaite de 1870, à l'obligation de ne pas fuir les
nécessités géostratégiques et économiques de l'époque pour éviter un déclassement supplémentaire de notre Nation,
quoi qu'on en pense maintenant .
max mayneris- Nombre de messages : 215
Age : 78
Localisation : Dax
Date d'inscription : 21/01/2016
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