Pour bien commencer l'année: LA LEGION D'HONNEUR ET LE MILITAIRE
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Pour bien commencer l'année: LA LEGION D'HONNEUR ET LE MILITAIRE
LA LEGION D'HONNEUR ET LE MILITAIRE
J'entendais, ce matin, une discussion à propos de l'attribution de la Légion d'Honneur ... Rien de bien nouveau dans les débats, mais un point m'a immédiatement expédié sur cette tribune: celui du lien entre cette décoration prestigeuse et le militaire.
Un intervenant expliquait que la Légion d'Honneur se justifiait tout à fait pour les militaires, parce qu'ils accomplissaient de "hauts faits d'ar - mes" dans les combats. Il ajoutait qu'il fallait tout de même qu'il y ait "la guerre" pour cela, ce qui ne la faisait pas souhaitable en nombre important sur les uniformes ...
Or, cette décoration est attribuée à tous les Commandants de régiments , par exemple, qu'ils soient allés aux exploits, ou pas : ... " L'eau chaude" comme on le dit quelquefois en plaisantant !
Je voudrais expliquer à ceux qui l'ignorent, ou qui ne se sont jamais posé la question, pourquoi un (ancien) Chef de Corps ne doute pas du "mérite" de cette décoration.
Cette raison est simple: la Légion d'Honneur est une haute récompense "sociale", et le militaire est le plus "social" des citoyens !
LE MILITAIRE, LE PLUS "SOCIAL" DES CITOYENS ?
Mes instructeurs, mes chefs, m'ont toujours tenu le discours de "la primauté de l'homme et du souci de l'homme" dans le métier militaire, une forte préocupation "sociale", donc.
La valeur "sociale" du comportement a un double fondement : la conscience que chacun dépend des autres d'une part, la préférence à "servir" (être utile, contribuer à une "mission" collective) plutôt qu'à "se servir", d'autre part. L'importance donnée à la qualité de la relation humaine relève du sentiment émotif ( charité, compassion, empathie, bienveillance, confiance,...), ou de la recherche d'efficacité ( motiva - tion, adhésion, ...), plus que de la "conscience sociale".
On observera déjà que le militaire est fortement imprégné de "social" par la primeur donnée à son éthique de subordination et d'obéissance qui lui font accepter sa dépendance "des autres" dans une organisation hiérarchique. On pourrait opposer à cette idée que le chef militaire est "personnalisé" et ne représente donc pas "les autres". Remarquons que le militaire change fréquemment de chef, il en a même quelquefois plusieurs ... L'importance donnée à la cohésion, à "l'esprit de corps", confirme alors cette observation de la nature très "sociale" de la condi - tion militaire.
Le "chef militaire" est tout de même responsable de la victoire ou de la défaite militaire, même si elles dépendent aussi des moyens qui lui sont attribués, ... et de leur exigence. Le chef, pour être vainqueur, dépend incontestablement de ses hommes. Il est donc, lui aussi, nécessairement "social" dans l'exercice de sa fonction.
On pourrait faire des observations semblables pour le chef d'entreprise et ses salariés, et d'autres encore ( ... pour le premier de ces fonde - ments, au moins !). Mais, rétorque le militaire, la force "sociale" de son métier tient à sa relation avec la mort reçue et donnée. Le militaire, et le "chef" en particulier, ne sont pourtant pas "responsables" de la mort, c'est la nature de la guerre qui l'est ... La guerre est nécessaire - ment homicide, le militaire le rappelle souvent ( le "zéro mort" est une chimère!). Le militaire ne serait responsable de la mort du soldat que si celui-ci ignorait ce risque et qu'on le lui aurait caché ! En outre, le militaire ne fait généralement pas la guerre pour "convenances person - nelles", mais parce que la Nation le lui demande et que le Commandement le désigne, et il n'est pas plus décideur de la guerre que le citoyen "moyen"*. En revanche, il en assume le caractère homicide, et même consent à ce sacrifice par "conscience sociale", parce qu'il "sert" sa Patrie, et au plus haut degré d'engagement personnel. La Nation a la responsabilité de la guerre et de ses justifications.
Il n'empêche que le militaire est lui aussi en prise avec les sentiments et les émotions. Il peut se sentir "responsable", si son émotion prend le pas sur sa "conscience sociale". Le militaire est incontestablement et intrinsèquement plus "social" que tout autre citoyen ... Mes chefs avaient raison ! Et voilà aussi ce qui justifie la Légion d'Honneur: le militaire consent " a priori" au sacrifice le plus social, le plus altruiste, pour ses concitoyens. Et toute forme de participation à la guerre, quelles que soient les Armes, conduit à cette interrogation individuelle à surmonter pour le service "des autres". Le Chef de Corps porte la Légion d'Honneur, non pour lui -même, mais au nom de tous ceux qui sont placés sous ses ordres (on ne peut pas la distribuer systématiquement à tous les militaires !). Et lorsqu'il est à la retraite, cette décoration lui rappelle qu'il a accepté, avec "d'autres", le sacrifice moral de "soldat pour la Nation" .
* plutôt même moins, car il ne peut pas se présenter à des élections, par exemple; il peut, en revanche, comme "tout le monde", prêcher ses convictions en respectant les règles du civisme et la loi; la diplomatie n'est pas conduite par les militaires, et la stratégie non plus ( le Gal Desportes regrettait même qu'ils ne participent pas suffisamment à son élaboration); les militaires donnent volontiers leur avis, si on le leur demande.
J'entendais, ce matin, une discussion à propos de l'attribution de la Légion d'Honneur ... Rien de bien nouveau dans les débats, mais un point m'a immédiatement expédié sur cette tribune: celui du lien entre cette décoration prestigeuse et le militaire.
Un intervenant expliquait que la Légion d'Honneur se justifiait tout à fait pour les militaires, parce qu'ils accomplissaient de "hauts faits d'ar - mes" dans les combats. Il ajoutait qu'il fallait tout de même qu'il y ait "la guerre" pour cela, ce qui ne la faisait pas souhaitable en nombre important sur les uniformes ...
Or, cette décoration est attribuée à tous les Commandants de régiments , par exemple, qu'ils soient allés aux exploits, ou pas : ... " L'eau chaude" comme on le dit quelquefois en plaisantant !
Je voudrais expliquer à ceux qui l'ignorent, ou qui ne se sont jamais posé la question, pourquoi un (ancien) Chef de Corps ne doute pas du "mérite" de cette décoration.
Cette raison est simple: la Légion d'Honneur est une haute récompense "sociale", et le militaire est le plus "social" des citoyens !
LE MILITAIRE, LE PLUS "SOCIAL" DES CITOYENS ?
Mes instructeurs, mes chefs, m'ont toujours tenu le discours de "la primauté de l'homme et du souci de l'homme" dans le métier militaire, une forte préocupation "sociale", donc.
La valeur "sociale" du comportement a un double fondement : la conscience que chacun dépend des autres d'une part, la préférence à "servir" (être utile, contribuer à une "mission" collective) plutôt qu'à "se servir", d'autre part. L'importance donnée à la qualité de la relation humaine relève du sentiment émotif ( charité, compassion, empathie, bienveillance, confiance,...), ou de la recherche d'efficacité ( motiva - tion, adhésion, ...), plus que de la "conscience sociale".
On observera déjà que le militaire est fortement imprégné de "social" par la primeur donnée à son éthique de subordination et d'obéissance qui lui font accepter sa dépendance "des autres" dans une organisation hiérarchique. On pourrait opposer à cette idée que le chef militaire est "personnalisé" et ne représente donc pas "les autres". Remarquons que le militaire change fréquemment de chef, il en a même quelquefois plusieurs ... L'importance donnée à la cohésion, à "l'esprit de corps", confirme alors cette observation de la nature très "sociale" de la condi - tion militaire.
Le "chef militaire" est tout de même responsable de la victoire ou de la défaite militaire, même si elles dépendent aussi des moyens qui lui sont attribués, ... et de leur exigence. Le chef, pour être vainqueur, dépend incontestablement de ses hommes. Il est donc, lui aussi, nécessairement "social" dans l'exercice de sa fonction.
On pourrait faire des observations semblables pour le chef d'entreprise et ses salariés, et d'autres encore ( ... pour le premier de ces fonde - ments, au moins !). Mais, rétorque le militaire, la force "sociale" de son métier tient à sa relation avec la mort reçue et donnée. Le militaire, et le "chef" en particulier, ne sont pourtant pas "responsables" de la mort, c'est la nature de la guerre qui l'est ... La guerre est nécessaire - ment homicide, le militaire le rappelle souvent ( le "zéro mort" est une chimère!). Le militaire ne serait responsable de la mort du soldat que si celui-ci ignorait ce risque et qu'on le lui aurait caché ! En outre, le militaire ne fait généralement pas la guerre pour "convenances person - nelles", mais parce que la Nation le lui demande et que le Commandement le désigne, et il n'est pas plus décideur de la guerre que le citoyen "moyen"*. En revanche, il en assume le caractère homicide, et même consent à ce sacrifice par "conscience sociale", parce qu'il "sert" sa Patrie, et au plus haut degré d'engagement personnel. La Nation a la responsabilité de la guerre et de ses justifications.
Il n'empêche que le militaire est lui aussi en prise avec les sentiments et les émotions. Il peut se sentir "responsable", si son émotion prend le pas sur sa "conscience sociale". Le militaire est incontestablement et intrinsèquement plus "social" que tout autre citoyen ... Mes chefs avaient raison ! Et voilà aussi ce qui justifie la Légion d'Honneur: le militaire consent " a priori" au sacrifice le plus social, le plus altruiste, pour ses concitoyens. Et toute forme de participation à la guerre, quelles que soient les Armes, conduit à cette interrogation individuelle à surmonter pour le service "des autres". Le Chef de Corps porte la Légion d'Honneur, non pour lui -même, mais au nom de tous ceux qui sont placés sous ses ordres (on ne peut pas la distribuer systématiquement à tous les militaires !). Et lorsqu'il est à la retraite, cette décoration lui rappelle qu'il a accepté, avec "d'autres", le sacrifice moral de "soldat pour la Nation" .
* plutôt même moins, car il ne peut pas se présenter à des élections, par exemple; il peut, en revanche, comme "tout le monde", prêcher ses convictions en respectant les règles du civisme et la loi; la diplomatie n'est pas conduite par les militaires, et la stratégie non plus ( le Gal Desportes regrettait même qu'ils ne participent pas suffisamment à son élaboration); les militaires donnent volontiers leur avis, si on le leur demande.
max mayneris- Nombre de messages : 215
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Localisation : Dax
Date d'inscription : 21/01/2016
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