La démocratie élective

LA DEMOCRATIE ELECTIVE (REPRESENTATIVE)
On entend régulièrement des commentateurs, ou même des responsables politiques, exprimer des doutes quant à la qualité "démocratique"
de notre système, encore récemment. Qu'en penser ? On peut tenter de "faire le point", en cette période de "vacances" (peut-être pas politique !) .

Nos "élus" se regroupent en Assemblée Nationale afin de faire s'exercer la "souveraineté du peuple" (fondement de la démocratie) nous explique-t-on. C'est pourtant dans l'exercice de ce rôle qu'il y a le plus d'ambiguïté, en première analyse: un "élu" est-il choisi pour traduire politiquement l'opinion de ses mandants (afin d'exercer "la souveraineté du peuple"), pour faire valoir l'opinion du parti auquel il est affilié, ou reçoit-il tout simplement "carte blanche" au titre de ses qualités personnelles ?

La première des formules ci-dessus n'est qu'un "fantasme politique": un député n'est généralement pas en mesure de connaître infailliblement la volonté majoritaire de son électorat, même local, pour chaque question débattue, et il n'accepterait pas de n'être que le relayeur d'une opinion présumée majoritaire, sans qu'on puisse en outre en contrôler cette qualité ...

La troisième formule n'a de réalité objective qu'à la condition que le député soit élu par référence à un programme personnalisé et, au moins formellement, indépendant des partis (sinon, on en revient à la deuxième formule). Cette troisième formule ne vaut que pour quelques-uns,
qui peuvent avoir, ou trouver, les moyens financiers nécessaires à une campagne électorale. Elle est aussi, en quelque sorte, un "fantasme" au niveau de l'ensemble des élus ...

Reste donc la deuxième formule. Cette formule entérine l'idée que "n" partis politiques seraient fondés à représenter "la souveraineté du peuple". Quel chiffre est souhaitable : 2?, 3?, 4?, 5? ... ( 2 est sans doute insuffisant pour les Français, malgré le modèle ... américain; la diversité des opinions, aggravée par leur variabilité en fonction des questions débattues, laisse prévoir une frustration rapide, traduite dans l'abstention ... ).

Quoi qu'on en pense, la "démocratie représentative" n'est, en fait, que la démocratie des partis, dans laquelle, pour notre bien nous a expliqué le Gal De Gaulle, doivent s'exercer au final la souveraineté du Président de la République et de son parti ... Je veux bien penser que le Gal De Gaulle avait des intuitions "démocratiques" et bienveillantes ...

Peut-on faire mieux ? C'est à "la science politique" de le dire et de le faire. On peut néanmoins se laisser aller à quelques humbles suggestions, tout en constatant que la démocratie représentative n'est pas un si mauvais système ...:

- ne pas trop réduire le nombre et la diversité "doctrinale" des partis ( le Gal De Gaulle pourrait même nous avouer qu'il "a compris" ceux qui pensent ainsi);
- augmenter la dose de "proportionnelle" pour que les partis dignes d'être représentés dans l'exercice de la "souveraineté du peuple" le soient effectivement ;
- ne pas admettre l'abstention des députés ( ... chargés de faire s'exercer la "souveraineté du peuple");
- rendre obligatoire une double publication des résultats d'élections, votes, ... : le résultat des votes exprimés (qui donne la décision) mais aussi, en complément, le résultat dans sa valeur "démocratique", c'est-à-dire par rapport au nombre d'inscrits légalement à l'élection, au vote, ...

Cette dernière suggestion est généralement réfutée au prétexte qu'elle donne du poids à ceux qui ont un comportement incivique. Cette remarque ne sera admissible que lorsque, au moins, le vote "nul" sera admis et pris en compte (sinon, seule l'abstention permet cette
prise en compte) !

Nota: notre démocratie est bien améliorée par les "médias" (sérieux, et raisonnablement "partisans"- est-ce possible? -) qui facilitent l'expression des citoyens. Des pistes sont peut-être à rechercher là aussi, avec précautions, compte tenu du risque d'aggravation de la "politique-spectacle", et de la méfiance grandissante envers les "médias".