Les "privilèges" de la Fonction publique !
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Les "privilèges" de la Fonction publique !
LES PRIVILEGES DE LA FONCTION PUBLIQUE *
Il y a peu, à l'occasion de manifestations, les "fonctionnaires" exprimaient leur lassitude de se voir traités de privilégiés, de nantis.
Indépendamment de tout jugement sur la pratique de la grève chez certains fonctionnaires, voici quelques arguments pour inciter les
détracteurs de la "fonction publique" à un peu de modération.
Parmi les privilèges "reprochés" aux agents de la fonction publique, trois sont dominants :
- ils ont un emploi "à vie" ;
- le contrôle est laxiste, l'avancement est assuré et ne dépend pas du mérite;
- la "fonction publique" n'est pas soumise au marché et à la concurrence comme les entreprises, et leurs salariés échappent ainsi à l'exigence
de productivité (ce qui les incite, bien sûr, à la "fainéantise").
Discutons-en.
Emploi à vie.
L'emploi "à vie" est une réalité pour les agents de la fonction publique "titularisés". Est-ce réellement un privilège ?
Exercer un métier ne vise pas seulement à accéder à un revenu de subsistance. L'attrait de l'emploi, l'adhésion aux finalités et aux "pratiques"
professionnelles importent aussi, et beaucoup. Le service public répond incontestablement à un engagement "altruiste" lorsqu'on le choisit, et il
n'y a pas de raison que la "vocation" s'estompe à son expérience. Voilà qui plaide pour la confiance a priori dans le candidat, après contrôle de
ses aptitudes. L'emploi "à vie" dans la fonction publique n'est donc pas un "non sens" d'autant que, ne soyons pas ingénus, l'administration dispose
de moyens légaux pour décourager un titulaire indésirable ou incompétent ... .
L'emploi public est ouvert à tous mais obligatoirement soumis à concours pour être " titulaire" d'emblée. De ce fait, il est tout de même un privi -
lège "gagné", d'autant plus mérité que ce concours est sélectif. Celui qui juge l'appartenance à la fonction publique comme formidablement avanta -
geuse a, espérons-le, au moins une fois affronté les concours, à moins qu'il ne juge le "privé" comme encore plus avantageux, ou à moins qu'il ne
soit prisonnier de préjugés à un degré pathologique !
L'emploi "à vie" nécessite un statut qui rend visible les conditions de travail et les perspectives d'évolution. Une fois acceptées, les conditions sont
contractuelles. Il y a donc aussi un risque pour le " titulaire " (une démission est toujours possible, mais n'est jamais sans inconvénients).
L'employeur a aussi des bénéfices: cet avantage peut justifier une modération des rémunérations (d'autant qu'il promet une retraite convenable à celui
qui est fidèle jusqu'au bout); il peut aussi exiger, en contrepartie, une mobilité "technique" et géographique à coût réduit; les coûts de fidélisation sont
payés "au départ" et ne se négocient pas; il profite de la compétence croissante des employés et minimise les coûts de formation liés au "turnover";
il connaît bien les salariés qu'il emploie, ce qui facilite la décision des promotions. L'emploi "à vie" n'est donc pas avantageux à sens unique. Il y a, à
l'évidence, du "donnant-donnant" dans un tel statut.
Au final, on peut dire que la sécurité et l'avantage de l'emploi "à vie" ne sont réels que si le choix initial est bien réfléchi, conforme à ses goûts, si
l'évolution professionnelle espérée se confirme, si l'on ne craint pas les dérangements de la mobilité acceptée en contrepartie, si on modère ses ambitions
salariales. Le "privilège" est obligatoirement "gagné" dans une compétition ouverte à tous, il n'est généralement pas négocié et n'est pas sans risques.
Est-ce vraiment un "privilège" ?
Le contrôle, l'avancement.
C'est un fait, suivant les secteurs de la fonction publique, on peut estimer que l'évaluation et le contrôle diffèrent dans leurs méthodes et leur rigueur
(je ne connais que le système militaire, il est incontestablement organisé et rigoureux, il n'a rien de laxiste !). La fonction publique rend des services plus
qu'elle ne produit des biens. Au contact du public, l'évaluation du service et son verdict sont assez immédiats et directs ! On multiplie aussi les enquêtes
d'opinion et de satisfaction. Ces "témoignages" sont-ils perçus et pris en compte à titre individuel ? Difficile de savoir, mais pourquoi non ? Observons aussi
que l'organisation hiérarchique est plutôt la règle dans la fonction publique, et que l'évaluation est une responsabilité à exercer aux différents échelons de
ce système. Ajoutons encore que le "désir de bien faire et d'être apprécié", la "bonne opinion de soi" peuvent motiver le plus grand nombre dans la fonction
publique tout autant que dans le privé.
Dans la fonction publique, l'avancement se concrétise par une responsabilité augmentée, un changement de poste et parfois aussi par un changement géo -
graphique. Cet avancement est souvent conditionné par un contrôle d'aptitude (examen, concours) et par la formation continue (stages). L'avancement n'est
donc pas aussi automatique qu'on le croit, et il est contrôlé, conditionné. Comme partout, il y a moins de "chefs" que de "subordonnés" et d'autant moins
qu'on progresse hiérarchiquement. Il y a donc nécessairement une mise en concurrence des prétendants à l'avancement, y compris dans la fonction publique !
La concurrence, la compétitivité**.
C'est vrai, une entreprise est tenue d'être compétitive pour remporter des marchés. La fonction publique n'a pas à remporter de marché généralement (ce n'est
pas exact dans les secteurs industriels étatiques, et on peut toujours confier au "privé" la prise en charge d'un service jugé trop coûteux dans la fonction publique).
Elle a tout de même des résultats à obtenir: les "services publics" répondant aux besoins de la Nation, avec une qualité acceptable par les citoyens-contribuables.
L'attribution des budgets*** à cet effet (et l'impôt correspondant à collecter !) est une responsabilité politique. Les responsables politiques jouent en quelque sorte
le rôle du marché en exigeant, dans leur intérêt (répercuté, c'est sûr, dans la hiérarchie administrative ! ), que les services publics soient rendus comme ils sont
attendus, avec une charge fiscale à prélever la moins douloureuse possible ! L'opinion sur l'efficacité de l'Etat et sur la leur dépend incontestablement de ces résultats,
et la pression est forte lorsqu'il s'agit des impôts à lever, comme à redistribuer !
La fonction publique et ses membres sont à l'évidence soumis à une exigence de rentabilité. La preuve: le concours de "dégraissage" **** entre les prétendants à l'é -
lection présidentielle pendant la campagne électorale (dont on perçoit, au moment de le mettre en œuvre, qu'il est plus ou moins réaliste !) .
Les "agents" de la fonction publique sont-ils donc des "nantis", comme certains le prétendent ?
Le vrai risque de la "machine fonctionnarisée" est peut-être dans l'emballement administratif (production de règles et normes inutiles, de contrôles abusifs, …
son "autojustification" ) bien plus que dans l'excès de "services publics", si on les limite intelligemment au "nécessaire, suffisant, et efficace" (facile à dire!).
Quant à la qualité des fonctionnaires, elle est ce qu'en fait la sélectivité de ses concours et les choix de recrutement de ses "DRH" (comme ailleurs).
* il ne s'agit pas, spécifiquement, de la fonction militaire.
** N'oublions pas que la fonction publique ne peut avoir la même rentabilité qu'une entreprise privée par nature, puisqu'elle répond à des impératifs de service public
et même, quelquefois, à des motivations "sociales", ce qui exige une qualité, une rigueur des cadres et du "management" d'autant plus grandes. Répondre à ces im -
pératifs, limiter la dépense, bannir les abus, se soustraire aux tentations (clientélisme, favoritisme, …) n'est pas aussi facile qu'on le croit .
*** on peut considérer que cette pratique participe à une forme de contrôle du recrutement, dans la mesure où un sureffectif entraîne soit une baisse de la rémuné -
ration (est-ce le cas ?) , soit une augmentation de la dépense publique, de l'impôt ou du déficit, peu favorables au succès économique et donc politique, aujourd'hui.
**** méfions-nous des comparaisons de ratios trompeurs tels que "nbre fonctionnaires par habitant" . Un Etat peut toujours minimiser ce rapport en demandant au
citoyen de se payer dans le privé les services qui ne lui sont pas fournis et payés par l'impôt.
Il y a peu, à l'occasion de manifestations, les "fonctionnaires" exprimaient leur lassitude de se voir traités de privilégiés, de nantis.
Indépendamment de tout jugement sur la pratique de la grève chez certains fonctionnaires, voici quelques arguments pour inciter les
détracteurs de la "fonction publique" à un peu de modération.
Parmi les privilèges "reprochés" aux agents de la fonction publique, trois sont dominants :
- ils ont un emploi "à vie" ;
- le contrôle est laxiste, l'avancement est assuré et ne dépend pas du mérite;
- la "fonction publique" n'est pas soumise au marché et à la concurrence comme les entreprises, et leurs salariés échappent ainsi à l'exigence
de productivité (ce qui les incite, bien sûr, à la "fainéantise").
Discutons-en.
Emploi à vie.
L'emploi "à vie" est une réalité pour les agents de la fonction publique "titularisés". Est-ce réellement un privilège ?
Exercer un métier ne vise pas seulement à accéder à un revenu de subsistance. L'attrait de l'emploi, l'adhésion aux finalités et aux "pratiques"
professionnelles importent aussi, et beaucoup. Le service public répond incontestablement à un engagement "altruiste" lorsqu'on le choisit, et il
n'y a pas de raison que la "vocation" s'estompe à son expérience. Voilà qui plaide pour la confiance a priori dans le candidat, après contrôle de
ses aptitudes. L'emploi "à vie" dans la fonction publique n'est donc pas un "non sens" d'autant que, ne soyons pas ingénus, l'administration dispose
de moyens légaux pour décourager un titulaire indésirable ou incompétent ... .
L'emploi public est ouvert à tous mais obligatoirement soumis à concours pour être " titulaire" d'emblée. De ce fait, il est tout de même un privi -
lège "gagné", d'autant plus mérité que ce concours est sélectif. Celui qui juge l'appartenance à la fonction publique comme formidablement avanta -
geuse a, espérons-le, au moins une fois affronté les concours, à moins qu'il ne juge le "privé" comme encore plus avantageux, ou à moins qu'il ne
soit prisonnier de préjugés à un degré pathologique !
L'emploi "à vie" nécessite un statut qui rend visible les conditions de travail et les perspectives d'évolution. Une fois acceptées, les conditions sont
contractuelles. Il y a donc aussi un risque pour le " titulaire " (une démission est toujours possible, mais n'est jamais sans inconvénients).
L'employeur a aussi des bénéfices: cet avantage peut justifier une modération des rémunérations (d'autant qu'il promet une retraite convenable à celui
qui est fidèle jusqu'au bout); il peut aussi exiger, en contrepartie, une mobilité "technique" et géographique à coût réduit; les coûts de fidélisation sont
payés "au départ" et ne se négocient pas; il profite de la compétence croissante des employés et minimise les coûts de formation liés au "turnover";
il connaît bien les salariés qu'il emploie, ce qui facilite la décision des promotions. L'emploi "à vie" n'est donc pas avantageux à sens unique. Il y a, à
l'évidence, du "donnant-donnant" dans un tel statut.
Au final, on peut dire que la sécurité et l'avantage de l'emploi "à vie" ne sont réels que si le choix initial est bien réfléchi, conforme à ses goûts, si
l'évolution professionnelle espérée se confirme, si l'on ne craint pas les dérangements de la mobilité acceptée en contrepartie, si on modère ses ambitions
salariales. Le "privilège" est obligatoirement "gagné" dans une compétition ouverte à tous, il n'est généralement pas négocié et n'est pas sans risques.
Est-ce vraiment un "privilège" ?
Le contrôle, l'avancement.
C'est un fait, suivant les secteurs de la fonction publique, on peut estimer que l'évaluation et le contrôle diffèrent dans leurs méthodes et leur rigueur
(je ne connais que le système militaire, il est incontestablement organisé et rigoureux, il n'a rien de laxiste !). La fonction publique rend des services plus
qu'elle ne produit des biens. Au contact du public, l'évaluation du service et son verdict sont assez immédiats et directs ! On multiplie aussi les enquêtes
d'opinion et de satisfaction. Ces "témoignages" sont-ils perçus et pris en compte à titre individuel ? Difficile de savoir, mais pourquoi non ? Observons aussi
que l'organisation hiérarchique est plutôt la règle dans la fonction publique, et que l'évaluation est une responsabilité à exercer aux différents échelons de
ce système. Ajoutons encore que le "désir de bien faire et d'être apprécié", la "bonne opinion de soi" peuvent motiver le plus grand nombre dans la fonction
publique tout autant que dans le privé.
Dans la fonction publique, l'avancement se concrétise par une responsabilité augmentée, un changement de poste et parfois aussi par un changement géo -
graphique. Cet avancement est souvent conditionné par un contrôle d'aptitude (examen, concours) et par la formation continue (stages). L'avancement n'est
donc pas aussi automatique qu'on le croit, et il est contrôlé, conditionné. Comme partout, il y a moins de "chefs" que de "subordonnés" et d'autant moins
qu'on progresse hiérarchiquement. Il y a donc nécessairement une mise en concurrence des prétendants à l'avancement, y compris dans la fonction publique !
La concurrence, la compétitivité**.
C'est vrai, une entreprise est tenue d'être compétitive pour remporter des marchés. La fonction publique n'a pas à remporter de marché généralement (ce n'est
pas exact dans les secteurs industriels étatiques, et on peut toujours confier au "privé" la prise en charge d'un service jugé trop coûteux dans la fonction publique).
Elle a tout de même des résultats à obtenir: les "services publics" répondant aux besoins de la Nation, avec une qualité acceptable par les citoyens-contribuables.
L'attribution des budgets*** à cet effet (et l'impôt correspondant à collecter !) est une responsabilité politique. Les responsables politiques jouent en quelque sorte
le rôle du marché en exigeant, dans leur intérêt (répercuté, c'est sûr, dans la hiérarchie administrative ! ), que les services publics soient rendus comme ils sont
attendus, avec une charge fiscale à prélever la moins douloureuse possible ! L'opinion sur l'efficacité de l'Etat et sur la leur dépend incontestablement de ces résultats,
et la pression est forte lorsqu'il s'agit des impôts à lever, comme à redistribuer !
La fonction publique et ses membres sont à l'évidence soumis à une exigence de rentabilité. La preuve: le concours de "dégraissage" **** entre les prétendants à l'é -
lection présidentielle pendant la campagne électorale (dont on perçoit, au moment de le mettre en œuvre, qu'il est plus ou moins réaliste !) .
Les "agents" de la fonction publique sont-ils donc des "nantis", comme certains le prétendent ?
Le vrai risque de la "machine fonctionnarisée" est peut-être dans l'emballement administratif (production de règles et normes inutiles, de contrôles abusifs, …
son "autojustification" ) bien plus que dans l'excès de "services publics", si on les limite intelligemment au "nécessaire, suffisant, et efficace" (facile à dire!).
Quant à la qualité des fonctionnaires, elle est ce qu'en fait la sélectivité de ses concours et les choix de recrutement de ses "DRH" (comme ailleurs).
* il ne s'agit pas, spécifiquement, de la fonction militaire.
** N'oublions pas que la fonction publique ne peut avoir la même rentabilité qu'une entreprise privée par nature, puisqu'elle répond à des impératifs de service public
et même, quelquefois, à des motivations "sociales", ce qui exige une qualité, une rigueur des cadres et du "management" d'autant plus grandes. Répondre à ces im -
pératifs, limiter la dépense, bannir les abus, se soustraire aux tentations (clientélisme, favoritisme, …) n'est pas aussi facile qu'on le croit .
*** on peut considérer que cette pratique participe à une forme de contrôle du recrutement, dans la mesure où un sureffectif entraîne soit une baisse de la rémuné -
ration (est-ce le cas ?) , soit une augmentation de la dépense publique, de l'impôt ou du déficit, peu favorables au succès économique et donc politique, aujourd'hui.
**** méfions-nous des comparaisons de ratios trompeurs tels que "nbre fonctionnaires par habitant" . Un Etat peut toujours minimiser ce rapport en demandant au
citoyen de se payer dans le privé les services qui ne lui sont pas fournis et payés par l'impôt.
max mayneris- Nombre de messages : 215
Age : 78
Localisation : Dax
Date d'inscription : 21/01/2016
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