la "stratégie militaire" dans les urnes ?
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la "stratégie militaire" dans les urnes ?
LA STRATEGIE MILITAIRE DANS LES URNES ?
On aura beaucoup voté au cours de ce premier semestre 2017. Le militaire peut s’interroger à propos du poids des « questions de défense » sur le vote,
plus généralement dans la politique …
La politique, même si certains de ses acteurs s’en défendent, vise d’abord à la conquête du pouvoir, puis à sa conservation, et il n’y a là rien de choquant,
encore moins de pervers. Ce que l’on appelle habituellement «la politique» est de fait (si on exclut les pesantes chicanes liées au choix des hommes …)
la stratégie de niveau national, c’est-à-dire les déclarations d’intentions puis les décisions en vue d’assurer le « bien-être » des citoyens, la « grandeur » de
la Nation. La proposition d’une stratégie est le moyen principal de conquête du pouvoir dans une démocratie, l’efficacité de la stratégie le meilleur moyen de
conserver ce pouvoir.
La stratégie militaire (en gros, le rôle et les moyens donnés à la force armée) est une composante de la stratégie, donc de la politique. En quoi participe-t-elle
à la réalisation des buts opérationnels de la politique ( conquête et conservation du pouvoir) ? On peut reformuler la question d’une autre manière, moins ambigüe :
la stratégie militaire, son expression, sont-elles électoralement rentables ? La réponse à cette question conditionne les relations du militaire et du politique !
Je crains que le recours à la force armée ne soit pas un sujet sûrement capteur de suffrages, sauf « cas de légitime défense » (faire face à une agression ; défense
des intérêts vitaux). Envisager, proposer d’engager la Nation dans une guerre «préventive» ( pour stopper le développement d’un régime ou d’une menace militaire potentiellement dangereux ), dans une guerre « de compassion » (pour se porter au secours de populations maltraitées par des régimes étrangers oppressifs), ne
sera jugé politiquement judicieux qu’à la condition de prendre part à une forte coalition internationale approuvée par l’ONU. Envisager, proposer d’engager la Nation
dans une guerre « de solidarité » ne sera jugé politiquement envisageable que si les intérêts communs sont très forts ou s’apparentent à la « légitime défense »
(respect d’accords mutuels de défense, p.ex). Envisager, proposer d’engager la Nation dans une guerre pour d’autres motifs (convoitise, défi, intimidation, …) sera
jugé politiquement « irresponsable » ! Dans tous les cas, on préfèrera les conciliabules et les manœuvres diplomatiques ou économiques. A cette touche de pacifisme,
jugée humaniste ou prudente, ajoutons qu’une suspicion semble subsister dans l’opinion * . En outre, l’actualité engage le citoyen à privilégier sa «sûreté immédiate», éventuellement sa « sûreté rapprochée», plutôt que sa «sûreté éloignée», précisément la spécialité des militaires. Ainsi, l’interventionnisme armé est-il incontesta -
blement considéré comme périlleux en politique, même si la professionnalisation des armées atténue cette crainte.
Fourbir un puissant outil militaire au titre du principe de précaution n’est jugé politiquement opportun que si l’état de nos finances est encourageant ! Utiliser cet
outil militaire ajoute à la dépense publique, alors que beaucoup de responsables politiques prêchent pour son allègement !
Voilà, peut-être, ce qui explique la discrétion des relations entre le politique et le militaire (en particulier à l’occasion des «campagnes» ), et peut-être aussi ce qui
explique que le budget militaire est une « variable d’ajustement » de la dépense publique très tentante … Mettons-nous à la place d’un candidat à une élection sou -
mis à rude concurrence ! Même en appelant à l’Histoire, à la philosophie, au bon sens, aux sentiments, ... ou à la théorie des jeux, il lui est très difficile d’entraîner massivement à sa suite, avec « la foudre et la poudre », un électorat d’abord attentif à son sort à court terme et généralement peu désireux d’en découdre ! Un tel
projet pourrait même lui causer quelques déboires !
Ce constat sans surprise, que l’on peut juger passablement « populiste » ou cynique, amène néanmoins à une double conclusion :
. le militaire doit d’abord compter sur lui-même pour assurer la pédagogie des questions de défense, les faire peser dans les élections;
les responsables politiques auraient tout autant d’intérêt à cela, ainsi qu’à faciliter l’accès des militaires aux grands médias, pour éviter d’aborder prématurément et
dans l’inconnu les questions sur la stratégie militaire inévitables, souhaitables dans une démocratie avancée ;
. la force armée est à l’évidence un facteur primordial de la sécurité donc du bien-être, de la souveraineté donc de la grandeur ; rap -
pelons aussi que dans la guerre « il n'y a pas de substitut à la victoire » ( Gal Mac Arthur), … en particulier pour conserver le pouvoir ; le « militaire » est donc, sans
aucun doute, un intervenant indispensable dans l’élaboration de la stratégie, c’est-à-dire dans la politique !
* « Ce qui n'a pas changé, c'est le lien étroit entre les Etats et les forces armées, qui sont pour ces derniers un instrument particulièrement commode de contrôle, plus
facile à employer que l'économie, les échanges ou d'autres instruments de la politique étrangère. Le désir est toujours présent de transformer les problèmes de po -
litique étrangère en quelque chose qui puisse être résolu par la force militaire. ( "Penser la stratégie" - B. Heuser )
On aura beaucoup voté au cours de ce premier semestre 2017. Le militaire peut s’interroger à propos du poids des « questions de défense » sur le vote,
plus généralement dans la politique …
La politique, même si certains de ses acteurs s’en défendent, vise d’abord à la conquête du pouvoir, puis à sa conservation, et il n’y a là rien de choquant,
encore moins de pervers. Ce que l’on appelle habituellement «la politique» est de fait (si on exclut les pesantes chicanes liées au choix des hommes …)
la stratégie de niveau national, c’est-à-dire les déclarations d’intentions puis les décisions en vue d’assurer le « bien-être » des citoyens, la « grandeur » de
la Nation. La proposition d’une stratégie est le moyen principal de conquête du pouvoir dans une démocratie, l’efficacité de la stratégie le meilleur moyen de
conserver ce pouvoir.
La stratégie militaire (en gros, le rôle et les moyens donnés à la force armée) est une composante de la stratégie, donc de la politique. En quoi participe-t-elle
à la réalisation des buts opérationnels de la politique ( conquête et conservation du pouvoir) ? On peut reformuler la question d’une autre manière, moins ambigüe :
la stratégie militaire, son expression, sont-elles électoralement rentables ? La réponse à cette question conditionne les relations du militaire et du politique !
Je crains que le recours à la force armée ne soit pas un sujet sûrement capteur de suffrages, sauf « cas de légitime défense » (faire face à une agression ; défense
des intérêts vitaux). Envisager, proposer d’engager la Nation dans une guerre «préventive» ( pour stopper le développement d’un régime ou d’une menace militaire potentiellement dangereux ), dans une guerre « de compassion » (pour se porter au secours de populations maltraitées par des régimes étrangers oppressifs), ne
sera jugé politiquement judicieux qu’à la condition de prendre part à une forte coalition internationale approuvée par l’ONU. Envisager, proposer d’engager la Nation
dans une guerre « de solidarité » ne sera jugé politiquement envisageable que si les intérêts communs sont très forts ou s’apparentent à la « légitime défense »
(respect d’accords mutuels de défense, p.ex). Envisager, proposer d’engager la Nation dans une guerre pour d’autres motifs (convoitise, défi, intimidation, …) sera
jugé politiquement « irresponsable » ! Dans tous les cas, on préfèrera les conciliabules et les manœuvres diplomatiques ou économiques. A cette touche de pacifisme,
jugée humaniste ou prudente, ajoutons qu’une suspicion semble subsister dans l’opinion * . En outre, l’actualité engage le citoyen à privilégier sa «sûreté immédiate», éventuellement sa « sûreté rapprochée», plutôt que sa «sûreté éloignée», précisément la spécialité des militaires. Ainsi, l’interventionnisme armé est-il incontesta -
blement considéré comme périlleux en politique, même si la professionnalisation des armées atténue cette crainte.
Fourbir un puissant outil militaire au titre du principe de précaution n’est jugé politiquement opportun que si l’état de nos finances est encourageant ! Utiliser cet
outil militaire ajoute à la dépense publique, alors que beaucoup de responsables politiques prêchent pour son allègement !
Voilà, peut-être, ce qui explique la discrétion des relations entre le politique et le militaire (en particulier à l’occasion des «campagnes» ), et peut-être aussi ce qui
explique que le budget militaire est une « variable d’ajustement » de la dépense publique très tentante … Mettons-nous à la place d’un candidat à une élection sou -
mis à rude concurrence ! Même en appelant à l’Histoire, à la philosophie, au bon sens, aux sentiments, ... ou à la théorie des jeux, il lui est très difficile d’entraîner massivement à sa suite, avec « la foudre et la poudre », un électorat d’abord attentif à son sort à court terme et généralement peu désireux d’en découdre ! Un tel
projet pourrait même lui causer quelques déboires !
Ce constat sans surprise, que l’on peut juger passablement « populiste » ou cynique, amène néanmoins à une double conclusion :
. le militaire doit d’abord compter sur lui-même pour assurer la pédagogie des questions de défense, les faire peser dans les élections;
les responsables politiques auraient tout autant d’intérêt à cela, ainsi qu’à faciliter l’accès des militaires aux grands médias, pour éviter d’aborder prématurément et
dans l’inconnu les questions sur la stratégie militaire inévitables, souhaitables dans une démocratie avancée ;
. la force armée est à l’évidence un facteur primordial de la sécurité donc du bien-être, de la souveraineté donc de la grandeur ; rap -
pelons aussi que dans la guerre « il n'y a pas de substitut à la victoire » ( Gal Mac Arthur), … en particulier pour conserver le pouvoir ; le « militaire » est donc, sans
aucun doute, un intervenant indispensable dans l’élaboration de la stratégie, c’est-à-dire dans la politique !
* « Ce qui n'a pas changé, c'est le lien étroit entre les Etats et les forces armées, qui sont pour ces derniers un instrument particulièrement commode de contrôle, plus
facile à employer que l'économie, les échanges ou d'autres instruments de la politique étrangère. Le désir est toujours présent de transformer les problèmes de po -
litique étrangère en quelque chose qui puisse être résolu par la force militaire. ( "Penser la stratégie" - B. Heuser )
max mayneris- Nombre de messages : 215
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Date d'inscription : 21/01/2016
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